Jean Widmer, né le 31 mars 1929 à Frauenfeld en Suisse, est un graphiste suisse. Il est le concepteur de nombreux programmes d'identités visuelles.
Jean Widmer, arrivé en France dans les années 1950, a marqué le graphisme français en revisitant notamment la signalétique des lieux publics et des infrastructures routières dans un but à la fois pratique (grand progrès en lisibilité) et esthétique. C'est un précurseur, un des premiers en France à faire de la typographie un élément central de ses compositions.
Après avoir passé un an chez Tolmer, Jean Widmer devient directeur artistique de la Société nouvelle d'information et de publicité (SNIP) de 1956 à 1959. Puis on le nomme directeur artistique aux Galeries Lafayette où il travaille entre 1959 et 1961, puis au magazine Jardin des Modes pendant sept ans où il officie également comme photographe jusqu’en 1969. En parallèle, il enseigne dès 1960 à École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Pendant cette période, il va au Japon où il étudie l’écriture traditionnelle au pinceau ainsi que la grande variété de tampons et de cachets dont il s’inspirera par la suite.
Lorsque Jean Widmer succède en 1959 à Peter Knapp comme directeur artistique des ateliers de publicité des Galeries Lafayette, il rompt avec la communication d’annonce au meilleur prix et avec la tradition des catalogues aux articles bien rangés. Il préfère laisser davantage de place à la communication imaginative. Il crée de nouveaux codes visuels avec des calligrammes, des photos, des collages et n’utilise plus la typographie en tant que telle.
Revue et catalogue de mode créée en 1922 par Lucien Vogel et destinée à des lectrices cultivées et aisées, ce magazine montre la mode de manière nouvelle et originale, ce qui permet à Widmer d’affranchir son travail de contraintes commerciales. Il y dirige une équipe constituée de professionnels confirmés comme Terence Donovan ou Helmut Newton mais il offre aussi à des débutants comme Roland Topor ou Alex Chatelin la possibilité de s’exprimer. Il commence par renouveler le logo, puis la couverture qu’il traite comme une affiche et à l’intérieur du magazine la typographie est simplifiée et unifiée pour que l’image et le texte prennent plus d'importance. Il innove de manière radicale en annulant le fossé entre la haute couture et le prêt-à-porter, puis en participant au rapprochement entre le graphisme et la photographie ce qui contribue à moderniser l'image du journal. Il décide d’inclure la photographie dans ses productions car, selon lui, « elle permet d’appréhender plus directement et de façon plus réaliste les objets ». Il s’occupe lui-même des séances photo. Pour éviter que le journal ne soit monotone, il oriente le visuel dans trois direction : l’insolite, l’érotisme et la poésie.